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Qu'est-ce qui pourrait changer dans le petit monde de Tulipe ? Chaque élément semble être là de toute éternité, et pourtant tout bouge. Quelques personnages apparaissent, disparaissent, reviennent. Ceux que nous sommes habitués à voir continuent de s'agiter anxieusement. Seul l'amour de Tulipe pour son arbre ne souffre d'aucun mouvement. Il souffre plutôt du silence. C'est vexant pour Tulipe qui, si indolent par ailleurs, fournit des efforts démesurés. « Je t'aime », lit-on dans ce cinquième volume. Ce n'est pas rien. C'est beaucoup trop pour Violette, qui croulerait sous le poids de ces mots. C'est bien peu de choses pour Crocus, pour qui ces mots sont si courts qu'ils se dissipent à peine prononcés. Ce n'est pas vraiment le sujet, semblent murmurer le soleil, la lune et les extraterrestres qui, une fois par millénaire, jettent un coup d'oeil distrait de ce côté de l'univers. Et pourtant. Sophie Guerrive ne construit pas une oeuvre, elle n'a pas l'âme d'une bâtisseuse ; ou ce qu'elle construit, quand on veut parler de Tulipe, n'a rien à voir avec les monuments violemment érigés pour conjurer le passage du temps. Caillou par caillou, brindille par brindille, l'oeuvre de Sophie Guerrive existe, à côté de nous, comme une seconde nature, comme un second monde à côté du nôtre, et qu'on a la chance de fréquenter, parfois, grâce à elle.
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Les saisons existent aussi au pays de Tulipe, et voici qu'arrive l'hiver. Un froid glacial s'abat, plongeant Tulipe et ses amis dans une torpeur et une mélancolie funestes. De menaçants loups apparaissent mêmes au dehors, repoussant Tulipe chez lui. Pour mieux le manger plus tard ? Sont-ils les gardiens d'une puissance hostile ? Les similitudes avec notre monde ne sont pas fortuites. Sophie Guerrive, toujours en délicatesse, offre un contrepoint subtil à l'expérience du confinement, sans sombrer dans l'écueil d'un propos politique littéral.
Chacun ira ici de son interprétation, et c'est là toute la force des pages de cette géniale autrice : Sophie Guerrive nous touche et nous interroge en même temps. Le langage et l'esprit de la série Tulipe est toujours bien ancré, mais il est indéniable que son territoire littéraire s'agrandit de livre en livre, en lorgnant sur les terres de Kafka et de Beckett.
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Le petit monde de l'ours Tulipe continue de s'agiter à la surface de la terre. Comment faire pour affronter l'existence et ses affres ? Crocus le serpent s'avance dans le désert pour devenir prophète ; Trèfle la tortue tente de retrouver sa mère.
C'est dans les pouvoirs de la poésie que Violette, l'oiselle, place ses espoirs.
Rimes riches, rimes pauvres, verbe prophétique ou divagations ensoleillées :
C'est bien par la parole que chacun cherche à apprivoiser la répétition des jours - et le tenace sentiment d'absurdité qui l'accompagne... Dans le dernier volume de cette trilogie, Tulipe, l'ours philosophe, Narcisse le tatou timide, Cosmos le corbeau cynique et leurs amis questionnent le monde encore une fois. Ils sont les acteurs perspicaces d'un petit théâtre à la portée universelle, construit jour après jour par Sophie Guerrive avec une infinie tendresse. Comment supporter le temps qui passe ? En trois mille ans de civilisation, aucune réponse n'est apparue très clairement... Pendant ce temps, Sophie Guerrive propose un livre réconfortant, bijou d'intelligence, d'humour et de douceur - que l'on referme en se sentant plus léger. Cet ours est sûrement, à sa manière, un peu sorcier.
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"Le loup et l'agneau partageront la même couche, mais l'agneau ne dormira pas beaucoup." Woody Allen. L'Ours Tulipe, contre son arbre adossé, regarde s'agiter vainement ses compagnons : Crocus le Serpent combat son anxiété par une activité de tous les instants, l'oiseau Violette cherche un moyen d'entrer en contact avec le Soleil, son amoureux, et le Caillou désespère de n'être qu'un caillou. La vie ? Un sacré sac de petits tracas et de grandes contrariétés. Mais comme le dit si bien Crocus, avec des pauses crêpes, ça passe. Dans cette fable pleine de tendresse, les grandes questions existentielles prennent corps, poils, plumes ou écailles. Crocus l'hyperactif, Dahlia la taupe timide, Tulipe l'ours stoïcien vivent des amours impossibles, aspirent à une existence enfin comblée. Dans la lignée des Peanuts ou de Mafalda, Sophie Guerrive invente des personnages attachants, symbolisant chacun une fragilité humaine. Tulipe est le reflet de nos névroses, de nos ridicules et de nos grandeurs, dépeints par des paroles sublimes et absurdes à la Nasr Eddine Hodja, où les figures du Savant, du Poète et de l'Idiot se confondent. Ce premier volume paru en 2016 sous un format réduit, inaugure la série Tulipe. Il sera suivi des Voyages de Tulipe, puis de Tulipe et les sorcières, qui clôturera le cycle à la rentrée 2019.
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Tulipe est toujours sur le départ. Il ne rêve que d'une chose, c'est de prendre son sac à dos et d'arpenter le vaste monde. Mais il y a toujours quelque chose qui le retient : de nouvelles rencontres, ou les vaines tentatives d'escapades de Violette et Crocus, et l'arbre, bien sûr. D'ailleurs, pourquoi partir quand l'aventure s'invite elle-même à son pied ? Sous la forme d'un oeuf, le plus grand des mystères vient troubler la paisible inquiétude de nos petits camarades.
Quand ce n'est pas un oeuf qui refuse d'éclore, c'est une chauve-souris qui refuse de sortir de son trou, ou une oiselle en pleine crise de lissophobie ! Avec ce deuxième opus, les choses se confirment : l'arbre ne bougera pas, Tulipe pas tellement plus. Mais, comme le dit le proverbe, « Un voyage de mille lieues a commencé par un pas. » Mais lequel ?